avec vous au Pégu, dit-elle en s’arrangeant pour me témoigner sa reconnaissance.
Elle se trouvait bien des mœurs de l’Inde, et je lui parus mieux valoir que le livre qui l’occupait lors de notre arrivée ; puis se relevant et rajustant le désordre de sa toilette, elle s’appuya sur mon bras pour retourner au salon. Elle avait été trop occupée des choses solides pour s’être distraite au point d’observer la peinture éléphantine. Elle m’entretint d’un ton plus calme des diverses religions de l’Asie. Je lui parlai de la secte des multiplicantes et de la communauté des plaisirs qu’on voit établie dans les familles de cette caste.
— Comment, dit-elle, la mère dans les bras du fils, la fille dans ceux du père !…
— Eh ! madame, rappelez-vous d’avoir lu quelque part : « Qui doit goûter des fruits d’un arbre, si ce n’est celui qui l’a planté ? »
— Il est vrai ; mais le préjugé !
— Tient-il contre la loi du créateur ?
— En est-il qui permette à un père, à une fille, à un frère, à une sœur ?… Fi donc ; cela répugne.
— À qui donc a-t-il dit : « Croissez et multipliez ? » N’est-ce pas à Adam, à Ève, à ses fils, à ses filles ? il ne regardait donc pas l’inceste comme un crime, puisqu’alors il le commandait.
— Comment ? mais en effet.
— La volonté du ciel peut-elle être versatile ? Ce qui fut un précepte dans un temps, peut-il être forfait dans un autre ? Disons plutôt, puisque la nature nous a donné du penchant pour les êtres d’un autre sexe, sans égard à la parenté,