teur de leur sein ; elles se baissaient parfois pour en avoir jusqu’au menton, et quand elles se relevaient, l’humidité qui restait sur l’ivoire de leur gorge appétissante ressemblait à ce frais duvet qu’on aperçoit sur la prune dans la maturité et qu’on appelle la fleur. Avec quel empressement nos lèvres enflammées couraient la recueillir ; que de bonds, que de folies nous fîmes dans ce délicieux bassin.
Nos quatre naïades étaient belles, mais toutes d’un genre de beauté différent ; la signora Magdalani, d’une taille au-dessus de la moyenne, avait approchant les formes que nous fait admirer Raucourt dans le rôle de Didon, et ses longs cheveux châtains relevaient l’éclat d’une peau d’un blanc de lait, sillonnée de veines d’azur ; son embonpoint lui rendait la fraîcheur que le grand usage des plaisirs lui aurait fait perdre si elle avait conservé la taille svelte qu’elle avait à vingt ans. Laure, plus petite, mais agréablement coupée, voyait flotter sur sa gorge naissante une forêt de cheveux blond-cendrés ; ses yeux étaient bleus, ses longues paupières et ses sourcils bien arqués étaient de la couleur de l’ébène ; et d’ailleurs elle méritait, mieux que jadis l’Athérenin, le beau nom d’as de pique. Je ne répéterai point ici le tableau de Mme Valbouillant, ni de la gentille Babet ; la première, on le sait, a des jumelles qu’on ne peut pincer, des dents de perles et le regard humide de la volupté prête à toucher le but, et Babet, avec ses yeux noirs, ses cheveux châtains, avait l’air d’Hébé réveillant le dieu de la force.