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à l’Agriculture.

c’est réduire un écu à dix sols : mais c’est le tilleul, c’est l’ormeau stérile, qui couvrent & ruinent nos campagnes, arbres très-utiles pour le charonage, dit-on, & c’est ce dont je me plains.

Il y a quatre fois plus de voitures en France qu’il n’en faudroit ; & si d’une part, le nombre en étoit borné au nécessaire & à l’utile, & que de l’autre, nos grands chemins fussent bordés d’ormeaux dans tout le Royaume, comme ils le sont aux environs de Paris, le charonage ne manqueroit jamais en France ; car d’ailleurs, on a bien les ormeaux dans les campagnes ; les paysans en font des feuillards pour les bestiaux, & cet arbre opiniâtre revient de chacune de ses racines. Mais voir de toutes parts dans la campagne, à vingt lieues à la ronde autour de Paris, les ormeaux répandre leur ombre sur toutes ces campagnes si propres à la fertilité par l’excès des engrais & fumiers dont on est embarrassé à Paris, tandis qu’ils sont si rares ailleurs,