peine. Son mari, de retour à Paris,
avait aisément démêlé nos liaisons, et
le lâche les avaient divulguées. Il nous
prodiguait à tous deux les injures :
vingt fois Euphrosie arrêta mon bras.
Prêt à la venger, elle sut m’enchaîner
par des sermens ; mais son bonheur fut
altéré à jamais. Sans cesse je la surprenais
baignée de larmes, et j’y mêlais
les miennes… Euphrosie, lui dis-je
un jour, hélas ! je cause des douleurs
et je ne puis les adoucir ; nos cœurs
cessent-ils donc de s’entendre ? Ah !
pourrais-tu jamais me haïr ? — Te haïr !
Ah ! jamais tu ne me fus si cher. Cet
enfant infortuné que je nourris dans
mon sein naîtra sous de cruels auspices
sans doute ; mais il a resserré, s’il est
possible, les nœuds qui m’unissaient à
toi. Vas, mon ami, je ne suis point
injuste, et si je t’ai fait des sacrifices,
Page:Mirabeau - Le Libertin de qualité ou Ma Conversion, 1801.djvu/273
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 115 )