rais ; elle riait, depuis le commencement, de
tout son cœur. Surprise de ses ris, qui me
paraissaient quelquefois hors de propos, je la
pressais de m’en dire le sujet ; elle m’avoua
que Courbelon nous voyait. Il sortit aussitôt
de dessous le rideau, nu, comme nous étions,
et son vit était d’une grosseur et d’une raideur
étonnantes. Effrayée, palpitante, honteuse,
je ne pouvais plus fuir dans l’état où
j’étais, qu’en me cachant sous le même rideau ;
j’y courus, mais ils m’arrêtèrent tous deux,
et je n’osais rien lui dire, après ce qu’il nous
avait vu faire, Courbelon me prit entre ses
bras, se jeta à mon cou, m’embrassa, porta
ses mains et ses lèvres partout où il put ; tout
était à sa disposition, et Justine l’aidait. Enfin
la surprise et la honte firent place au désir.
Il mit son vit dans ma main, je ne pouvais
l’empoigner ; le feu de ses baisers, de ses
attouchements, ce spectacle si nouveau pour
moi, et l’exemple de Justine qui le caressait
sans scrupule, firent couler le plaisir dans
tous mes membres, et m’avaient mise dans
une situation à ne pouvoir rien lui refuser.
Les plaisirs qu’il me donna avaient une
pointe de vivacité que je n’avais point sentie
par les mains de Justine, avec laquelle je
désirai qu’il fît la même chose, mais ils allèrent
bien plus loin ; elle l’attira sur elle au
pied de son lit, et me tenant d’une main, elle
me fit voir le vit de Courbelon qui se perdait
dans son con, et la vivacité de leurs trans-
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LE RIDEAU LEVÉ