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Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/42

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LE RIDEAU LEVÉ


pourrait se corrompre ou embarrasser la circulation ; elle serait exposée, peut-être, à des accidents aussi dangereux que ceux de l’épuisement : tels sont les vapeurs, les vertiges, la démence, les accès frénétiques et autres. N’en voit-on pas des exemples fâcheux dans certains monastères où le cagotisme règne en despote, et où rien ne soulage les malheureuses recluses qui n’ont pas l’esprit de se retourner ?

L’extravagance monacale a inventé de mêler dans leurs boissons des décoctions de nénuphar ou des infusions de nitre, en vue de détourner les dispositions d’une nature trop active ; mais pris un certain temps, ces palliatifs deviennent sans effet ou détruisent tellement l’organisation de l’estomac et la santé de ces prisonnières, qu’il leur en survient des flueurs blanches, des défaillances, des oppressions et des douleurs internes pendant le peu de temps qu’il leur reste à vivre. Il y a même de ces endroits où la sottise est portée au point de traiter de même leurs pensionnaires, et souvent elles sortent de ces maisons ou cacochymes, ou avec le genre nerveux attaqué, ou hors d’état de produire leur espèce, soit par la destruction des germes, soit par l’inertie où cet usage a plongé les forces de la nature et l’esprit vital, et c’est à quoi les parents qui chérissent leurs enfants ne font pas assez d’attention.

Apprends encore, ma chère Laure, qu’à un