étaient exceptés de cette règle ; il me donnait
volontiers ceux dont le sujet était moral. Peu
des autres peignent les hommes et les femmes
de leurs véritables couleurs : ils y sont présentés
sous le plus bel aspect. Ah ! ma chère,
combien cette apparence est en général loin
de la réalité : les uns et les autres vus de
près, quelle différence n’y trouve-t-on pas !
Je puisais dans les voyageurs et dans les
coutumes des nations un genre d’instruction
qui me faisait mieux apprécier l’humanité en
général, comme la société fait apercevoir les
nuances des caractères.
Les livres d’histoire qui me rendaient compte des mœurs antiques et des préjugés différents qui, tour à tour, ont couvert la surface de la terre, étaient ma balance. Les ouvrages de nos meilleurs poètes formaient le genre amusant, pour lequel mon goût était le plus décidé, et que j’inculquais avec empressement dans ma mémoire.
Il me remit un jour entre les mains un livre qui venait de paraître, en me recommandant d’y réfléchir.
— Lis, ma chère Laurette ; cet ouvrage est la production d’un génie dont tu as lu presque tout ce qu’il a mis au jour, et dont ta mémoire possède plusieurs morceaux, qui unit un style élevé, élégant, agréable et facile, propre à lui seul, à des idées profondes. Zadig, paré de ses mains, t’apprendra sous l’allégorie d’un conte, qu’il n’arrive point