j’étais, et fut à celle de l’escalier dérobé. La
frayeur d’être découverte me saisit ; j’étais
accroupie pour me cacher parmi les meubles,
elle ne s’aperçut de rien, et retourna dans sa
chambre. Dès qu’elle y fut rentrée, Isabelle
mit de côté son ouvrage et s’avança près d’un
miroir, pour raccommoder sa coiffure et
rajuster son mouchoir de cou, que Justine lui
arracha, et qui lui prenait les tétons, lui faisait
compliment sur leur rondeur et sur leur
fermeté ; puis, découvrant les siens, elle en
faisait la comparaison entre eux. Au milieu
de leurs amusements, j’entendis, sur l’escalier
de la petite cour, quelqu’un qui montait et
qui trouvant libre l’entrée de la première
porte, qu’apparemment Justine avait été
ouvrir, vint gratter à celle de la chambre ; je
ne pus le voir passer, étant enfoncée et
cachée pour n’être pas vue moi-même. Justine
le fit entrer, et fut refermer les portes
avec soin. Quand il fut dans la chambre, je
le reconnus aussitôt : c’était un grand jeune
homme, un peu parent de la maison, qui
venait quelquefois voir ma tante. Isabelle
avait la gorge découverte : Courbelon fut
sans façon la lui baiser et y fourra la main,
tandis que l’autre fut se perdre sous sa jupe ;
Justine à son tour fut traitée de même ; le
temps ne me paraissait plus long. Il prit
Isabelle dans ses bras, la jeta sur le pied du
lit, et la troussa tout à découvert ; je vis alors
son ventre, ses cuisses et sa fente ; elle était
Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/92
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LE RIDEAU LEVÉ