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L’AKROPODIE

se servir alors d’un chauffoir[1] pour contenir les parties génitales. Aaron en reçut l’ordre.

Je m’aperçois en finissant ce morceau que l’histoire des prépuces n’est pas très-anacréontique ; mais quand on veut s’instruire dans les livres saints, comme c’est assurément le devoir de tout chrétien, il faut avoir le goût robuste ; car on y trouve des passages infiniment plus fermes qu’aucun de ceux que j’ai cités. Lorsque, par exemple, on voit le roi Saül, poursuivant David, venir décharger son ventre[2] dans une caverne, au fond de laquelle ce dernier était caché, et celui-ci arriver bien doucement, et couper avec la plus grande dextérité le derrière du vêtement de Saül, puis, aussitôt que le roi est parti, courir après lui pour lui démontrer qu’il aurait pu l’empaler aisément, mais qu’il était trop brave pour le tuer par derrière ; quand on voit cela, dis-je, on s’étonne. Mais lorsque, passant d’étonnement en étonnement, on voit tour à tour sur ce vaste et saint théâtre des hommes qui se nourrissent de leurs excréments et boivent de leur urine[3] ; Tobie que la fiente d’hirondelle aveugle[4] ; Esther qui se couvre la tête de tout ce qu’il y a de plus sale au monde[5] ; les paresseux qu’on lapide avec de la bouse de vache[6] ; Isaïe réduit à manger les plus hideuses évacuations du corps humain[7] ; des riches qui embrassaient des im-

  1. Lév., chap. VI, v. 18 ; « Fœminalibus lineis. »
  2. Reg. I, chap. XXIV, 4 : « Eratque ibi spelunca, quam ingressus est Saül, ut purgaret ventrem. »
  3. Reg. IV, chap. XVIII, 27 : « Comedant stercora sua et bibant urinam suam. »
  4. Tobie, chap. II, 11.
  5. Esther, XIV, 2 : « Cineri et stercora implevit caput. »
  6. Eccl., XXII, 2.
  7. Isaïe, XXXVI, 12.