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KADHÉSCH

jouit comme la nature y invite… Il y avait là assurément de quoi exercer les talents du prince des casuistes.

Sanchez distingua : « Pour la première, dit-il, sodomie domine, quoique incomplète dans ses fins, parce que ni la queue ni le clitoris ne pouvant verser la libation, ils n’opèrent rien contre les voies de Dieu et le vœu de la nature ; quant à la seconde, fornification simple. »

J’imagine que de pareilles queues auraient plus d’un genre d’utilité à Paris, où le goût des pédérastes, quoique moins en vogue que du temps de Henri III, sous le règne duquel les hommes se provoquaient mutuellement sous les portiques du Louvre, fait des progrès considérables. On sait que cette ville est un chef-d’œuvre de police ; en conséquence, il y a des lieux publics autorisés à cet effet. Les jeunes gens qui se destinent à la profession, sont soigneusement enclassés ; car les systèmes réglementaires s’étendent jusque-là. On les examine ; ceux qui peuvent être agents et patients, qui sont beaux, vermeils, bien faits, potelés, sont réservés pour les grands seigneurs, ou se font payer très-cher par les évêques et les financiers. Ceux qui sont privés de leurs testicules, ou, en termes de l’art (car notre langue est plus chaste que nos mœurs), qui n’ont pas le poids du tisserand, mais qui donnent et reçoivent, forment la seconde classe ; ils sont encore chers, parce que les femmes en usent, tandis qu’ils servent aux hommes. Ceux qui ne sont plus susceptibles d’érections tant ils sont usés, quoiqu’ils aient tous les organes nécessaires au plaisir, s’inscrivent comme patients purs, et composent la troisième classe ; mais celle qui préside à ces plaisirs vérifie