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EROTIKA BIBLION

cert, concourent à un même dessein, correspondent avec les hommes, soient susceptibles d’éducation ? On les dresse, ils apprennent ; on leur commande, ils obéissent ; on les menace, ils craignent ; on les flatte, ils caressent ; enfin, les animaux nous offrent une foule d’actions spontanées, où paraissent les images de la raison et de la liberté, d’autant plus qu’elles sont moins uniformes, plus diversifiées, plus singulières, moins prévues, accommodées sur-le-champ à l’occasion du moment ; il en est même qui ont un caractère déterminé, qui sont jaloux, vindicatifs, vicieux.

De deux choses l’une, ou Dieu a pris plaisir à former les bêtes vicieuses et à nous donner en elles des modèles très-odieux, ou elles ont, comme l’homme, un péché originel qui a perverti leur nature. La première proposition est contraire à la Bible, qui dit que tout ce qui est sorti des mains de Dieu était bon et fort bon. Mais si les bêtes étaient telles alors qu’elles sont aujourd’hui, comment pourrait-on dire qu’elles fussent bonnes et fort bonnes ? Où est le bien qu’un singe soit malfaisant, un chien envieux, un chat perfide, un oiseau de proie cruel ? Il faut recourir à la seconde proposition, et leur supposer un péché originel ; supposition gratuite et qui choque la raison et la religion.

Ce n’est donc point, encore une fois, par des raisonnements théoriques que l’on peut tracer la ligne de démarcation entre l’homme et la bête. Notre âme a trop peu de points de contact pour qu’il soit facile, même à la physique, de pénétrer jusqu’à elle, d’effleurer seulement sa substance et sa nature ; on ne sait ou fixer son siège. Les uns ont prétendu qu’elle est dans un lieu particulier, d’où elle exerce son empire. Descartes a voulu la glande pinéale ; Vicussens, le centre