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L’ANOSCOPIE

D’Ignaciens, qui dans l’âme indienne,
Allait, Dieu sait ! plantant la foi chrétienne.
Tous les beaux fils qu’a l’Inde sur son bord,
Étaient par eux cathéchisés d’abord.
Les Cordeliers qu’ils avaient pour annexe,
De leur côté baptisaient le beau sexe.
Tout allait bien ; et leur apostolat
Fructifiait, moyennant ce partage,
Si, que de Dieu le nouvel héritage
Allait croissant avec beaucoup d’éclat.
Là, le démon qu’en figure de bronze
Fait adorer l’ignorance du bonze,
Grâces aux fils d’Ignace et de François,
Allait perdant tous les jours de ses droits.
L’Ignacien à ces nouvelles plantes
Distribuait les grâces suffisantes,
Si largement que l’efficace là
Glanait après les fils de Loyola
Petitement. Quoi qu’il en soit, les drôles,
Par maints bons tours, maintes belles paroles,
Passaient pour saints, se faisaient vénérer
Du peuple indien qu’ils savaient attirer.
Le bruit en vint jusqu’au roi de Golconde :
Ce prince était un vieux païen fieffé,
Qui de son diable était si fort coiffé.
Qu’il n’encensait que cet esprit immonde.
Il voulut voir ces apôtres nouveaux,
Que de son diable on disait les rivaux.
Bien croyait-il entendre des oracles,
Et comme Hérode aller voir des miracles.
Nos révérends, le crucifix en main,
Lui prêchent Dieu, mort pour le genre humain,
En déclamant contre le simulacre
De Satanas. Le roi, dont la bile âcre
Jà s’échauffait à leur beau plaidoyer,
Leur dit : « Messieurs, quand aux dieux on insulte,
Et qu’on annonce un si singulier culte,
Encor faut-il de preuves l’étayer.
Depuis six mois la sécheresse afflige
Tout mon royaume, et votre zèle exige
Que de ce Dieu vous obteniez de l’eau..
Si dans trois jours vous n’en faites répandre,
Comme imposteurs je vous ferai tous pendre :
Pensez-y bien. » Nos frocards eurent beau