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LA LINGUANMANIE

guer même, se reposer, être inactif, selon que le sentiment des forces l’indique. Ce serait une prétention très-absurde et très-ridicule que de vouloir suivre la loi d’uniformité, et se fixer à la même assiette, quand tous les êtres avec lesquels on a des rapports intimes sont dans une vicissitude continuelle. Le changement est nécessaire, ne fût-ce que pour nous préparer aux secousses violentes qui quelquefois ébranlent les fondements de notre existence. Nos corps sont comme des plantes dont la tige se fortifie au milieu des orages par le choc des vents contraires.

L’exercice, une gymnastique bien conçue, seraient sans doute la ressource la plus efficace contre les suites dangereuses de la vie inactive ; mais cette ressource n’est pas également à l’usage des deux sexes. L’équitation, par exemple, ne paraît pas très-convenable aux femmes, qui ne peuvent guère en user qu’avec danger, ou avec des précautions qui la rendent presque inutile. Il est si vrai que la nature ne les a pas disposées pour cet exercice, que là seulement elles paraissent perdre les grâces qui leur sont particulières, sans prendre celles du sexe qu’elles veulent imiter.

La danse paraît plus compatible aux agréments propres aux femmes ; mais la manière dont elles s’y livrent est souvent plus capable d’énerver que de fortifier les organes. Les anciens, qui ont eu le grand art de faire servir les plaisirs des sens au profit du corps, avaient fait de la danse une partie de leur gymnastique ; ils employaient la musique pour calmer ou diriger les mouvements de l’âme ; ils embellissaient l’utile, ils rendaient salutaire la volupté.

Mais si, dans la connaissance des corps politiques, les amusements furent assortis à la sévérité des institutions