Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
préface

des lumières que les savantes productions des célèbres écrivains du dix-huitième siècle avaient répandues de toutes parts avec profusion, il conçut l’heureuse idée de dévoiler aux yeux de l’avenir, dans son Erotika biblion, combien, depuis le berceau du monde, les libertés des peuples étaient foulées aux pieds ; comment les turpitudes et les intrigues des prêtres avaient forgé les fers de l’esclavage, et de quelle manière les rois s’étaient arrogé la puissance, en s’étayant de l’astuce et de la démoralisation.

Le style de Mirabeau, par cette vive puissance de la pensée qui resplendit de son propre éclat sans rien emprunter aux ornemens de l’art, s’élève dans cet ouvrage jusqu’aux beautés les plus sublimes. Critique ingénieux et fécond, il a semé son Erotika d’un grand nombre de ces réflexions philosophiques sur les institutions, l’esprit et les mœurs des peuples qu’il décrit, et dont il a tiré avec beaucoup d’habileté les inductions les plus fines, les aperçus les moins attendus et les plus brillantes observations, d’après lesquelles il juge en maître les gothiques institutions de la France, en indiquant les moyens et les modifications pour les perfectionner.

Dans le chapitre par lequel il ouvre son écrit immortel, Mirabeau, avec cette finesse d’esprit et ce talent d’observation admirable, ridiculise le système absurde de tous les sectateurs qui, marchant sur les traces de Shackerley, prétendraient, comme le philosophe Maupertuis, soutenir que le phénomène étonnant, cette bande circulaire, solide et