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LA LINGUANMANIE

l’habitude qu’avaient les habitants de l’île de Siphnos, l’une des Cyclades, d’aider les plaisirs naturels par ceux de l’anus, au moyen du mot siphniasser[1]. Ainsi, l’on trouva des mots pour tout peindre dans des siècles de corruption où l’on éprouva de tout. De là, le cleitoriazein[2], ou contraction de deux clitoris ; opération qu’Hesychius et Suidas ont pris la peine de nous expliquer, en nous apprenant que ce travail se fait comme le frai de la carpe contre sa semblable ; l’une s’agite quand l’autre s’arrête, et réciproquement (d’où le proverbe non satis liquet) ; de là, l’expression de cunnilangues, que Sénèque définit ainsi. Les Phéniciens différaient des Lesbiens en ce que les premiers se rougissaient les lèvres pour imiter plus parfaitement l’entrée du sanctuaire de l’amour ; au lieu que les Lesbiens, qui n’y mettaient d’autre fard que l’empreinte des libations amoureuses, les avaient blanches[3], et ce n’est pas la manière la plus singulière dont on ait paré ses lèvres, car Suétone rapporte que le fils de Vitellius les enduisait de miel pour sucer le gland de son giton, de manière à augmenter son plaisir, en lubrifiant ainsi la

  1. Σιφνιάζειν. Siphniassare. (Pl., lib. IV, 12.) Érasme, Prov. LXXXV, pag. 847. « Pro eo, quod est manum admovere postico : sumptum esse à moribus Siphniorum. »
  2. Κλειτοριάζειν. Érasme, Prov. XVIII, pag. 751. « De immodica libidine. Unde natum proverbium, non satis liquet. Libidinosa contrectatio. »
  3. « Phœnicissantes labra rubicunda sibi reddebant ; sic Lesbiassantes alba labra semine. »

    Cunnum Charinus lingit et tamen pallet.
        (Martial, lib. I, Epig. 78.)
    Nescio quid certe est. An vere fama susurrat,
     Grandia te medii tenta vorare viri ?
    Sic certe clamant Virronis rupta miselli
     Ilia, et emulso labra notata sero.
      (Q. Val. Catullus, ad Gellium, Epig. LXXXI.)