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NOTES SUR

ici que les prophètes n’ont pas moins prédit ce qui devait arriver à Jésus-Christ et à son Église par leurs actions que par leurs paroles. Le prophète Osée, en épousant une femme de mauvaise vie, représente Jésus-Christ, qui, par son union avec l’Église, l’a purifiée de toutes ses taches. Le serpent d’airain élevé dans le désert, était la figure du Sauveur élevé en croix. La loi de la circoncision n’ordonnait à la lettre que de circoncire la chair, mais dans un sens spirituel elle signifie cette circoncision du cœur par laquelle les chrétiens doivent retrancher et réprimer en eux les désirs qui pourraient être contraires à la loi de Dieu. »

D’après cette interprétation métaphorique, on doit s’apercevoir que tout l’Ancien Testament n’est qu’une figure, un clair-obscur : c’est pourquoi saint Augustin[1] a fort bien remarqué que les auteurs sacrés recourent aux mots figurés lorsqu’ils ne trouvent pas des mots propres pour exprimer leurs idées. Ils s’en servent comme de voiles pour cacher ce que la pudeur défend quelquefois de nommer. C’est ainsi, dit ce saint, que sous le mot de pied, l’Écriture comprend toutes les parties inférieures du corps ; témoin cet exemple : « Sephora prit une pierre tranchante ; elle coupa le prépuce de son fils et toucha ses pieds. » « Tulit illicô Sephora acutissimam petram, et circumcidit prœputium filii sui, tetigitque pedes ejus[2]. »

Dans ce passage, l’Écriture prend un mot honnête au lieu d’un mot qui ne l’est pas. Mais n’importe ! son style si simple et si sublime, l’élévation de ses pensées et le brillant des métaphores dont Dieu fait partout un si digne et fréquent usage, conviennent d’autant plus aux hommes que, créés à sa ressemblance, il fallait, pour s’en faire comprendre, qu’il appropriât son langage à celui de son peuple, et qu’il se conformât à ses idées et à sa manière de conce-

  1. De Trin., lib. I, cap. II.
  2. Exod., cap. IV, v. 25.