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Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/159

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L’ANAGOGIE

comme chacun sait ; mais si une offrande de cette espèce est tombée en désuétude aujourd’hui, nos Esculapes n’oublient cependant point de formuler quelquefois leurs mémoires sur le prix que peuvent valoir cinq anus d’or :

Auri sacra fames !…

Cette anagogie doit nous apprendre, dit le prieur de Sombreval, qu’il ne suffit pas à un père d’être bon lui-même, s’il ne travaille encore à rendre bons ses enfants ; que Dieu, par les voies les plus inconcevables, venge l’injure faite aux choses saintes par l’abandon même de ce qu’il y a de plus saint ; que rien ne l’irrite tant que les péchés des prêtres ; qu’il ne protège enfin que ceux qui l’honorent, et ne fait éclater sa gloire que pour ceux qui se rendent dignes de lui.


Page 7. — « La bête de l’Apocalypse, qui a 666 … sur le front. »

La science des nombres n’est point une rêverie. Écoutez plutôt ce que dit saint Jean dans l’Apocalypse[1], verset 18, nombre ignoble, chapitre 13, nombre fatal :

« Qui habet intellectum computet numerum bestiæ ; numerus enim hominis est, et numerus ejus sexcenti sexaginta-sex. » — « Que celui qui a de l’intelligence suppute le nombre de la bête, car son nombre est le nombre d’un homme. »

Les catholiques et les protestants, dit Voltaire[2], ont tous expliqué l’Apocalypse en leur faveur ; et chacun y a trouvé tout juste ce qui convenait à ses intérêts. Ils ont surtout fait de merveilleux commentaires sur la grande bête à sept têtes et à dix cornes, ayant le poil d’un léopard, les pieds d’un ours, la gueule d’un lion, la force d’un

  1. Άποκάλυυψις, mot inventé par les Septante, suivant saint Jérôme, pour désigner les Révélations de saint Jean.
  2. Dictionnaire philosophique, art. Apocalypse, sect. II.