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LA TROPOÏDE

et c’est alors que ses prêtresses, indifféremment appelées Bacchantes, Bassarides, Thyades et Ménades, dénominations dont l’étymologie exprime la rage, la folie et l’emportement, parcouraient les montagnes et les villes, armées de thyrses et de flambeaux, vêtues d’une peau de tigre, ou de panthère, couronnées de pampre, les cheveux en désordre, la bouche écumante, les yeux étincelants et poussant des hurlements affreux.

Dans les fêtes nocturnes de ce Dieu, qui se célébraient au mois de février, les femmes enivrées par l’excès du vin, et vêtues de manière à laisser voir leurs charmes les plus secrets, se dépouillaient de tout sentiment de pudeur, et pêle-mêle avec les hommes dans l’obscurité de la nuit, se livraient aux plus infâmes prostitutions, aux accouplements les plus monstrueux, aux meurtres, aux empoisonnements, aux plus cruelles violences ; en un mot, à la licence la plus effrénée, aux orgies les plus dégoûtantes et les plus criminelles.

Le libertinage et les obscénités de ces Bacchanales devinrent si intolérables que, pour les réprimer, le Sénat romain fit punir par les derniers supplices une infinité de personnes de tout sexe et de toute condition, et décréta, l’an 564 de Rome, sur la proposition pressante de Caton le Censeur, que ces fêtes grecques en l’honneur de Bacchus fussent abolies et défendues, sous peine de mort, dans Rome et dans l’Italie entière. Ce sage décret ne disparut qu’avec la puissance de la république, et c’est sous les Césars que ces fêtes reparurent, plus effrénées que jamais.


Page 42. — « Quand la fille avait engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape. »

Si on voulait juger avec sévérité des mœurs et des habitudes du peuple romain par les expressions libres de quelques-uns de ses écrivains les plus célèbres ; si l’on exposait au grand jour les tableaux obscènes de l’antiquité que l’on a découverts dans les fouilles d’Herculanum et de Pompeia,