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NOTES SUR

Socrate enseignait entre deux draps cette honteuse volupté à ses favoris Phédon et Alcibiade. Xénophon prenait souvent ce plaisir avec Callias et Antolicus, Pindare avec Amarico, Aristote avec son Herminas ; Anacréon brûla pour Bathyle, et le grand, mais bizarre Lycurgue, soutenait qu’on ne pouvait être bon citoyen sans avoir un ami avec qui l’on couchât. Sapho se rendit célèbre, non moins par ses habitudes lesbiennes de κλειτοριαζειν, que par ces talents comme poëte. Aspasie se prostitua à Périclès, et Glycère à Alcibiade. Laïs reçut dans ses bras le dégoûtant Diogène et le galant Aristippe, tandis que Phryné débaucha l’Aréopage entier. Thaïs, en sortant des bras d’Alexandre, se fit un doux plaisir de faire brûler le palais de Persépolis ; et l’on érigea, dans Athènes, des autels à la danseuse Cotytto, sous le nom de Vénus populaire.

Si nous examinons les mœurs des anciens Romains, nous les trouvons plus dissolues encore, surtout au temps des empereurs. Les lupanaria d’alors étaient de ces endroits où l’on s’abandonnait à tous les genres d’abominations. Dans les quartiers séparés qu’habitaient les meretrices, on voyait sur la porte de la loge de chacune de ces courtisanes un écriteau qui portait le nom et le prix auquel étaient taxés ses charmes[1]. D’où, vient que Juvénal, parlant de la débauche effrénée de Messaline, dans la loge de la fameuse Lysisca, dit si agréablement titulum mentita Lisiscœ[2] donnant ainsi à connaître que malgré le nom supposé qu’empruntait l’impératrice pour cacher ses infamies, il ne se trompait pas sur la femme qui s’y prostituait. Apollonius de Tyr nous a conservé, dans son histoire, la forme d’un titre qui est trop plaisant pour ne point le rapporter ici :

Quicumque Tarsiam defloravit
  Mediam libram dabit ;

  1. In cellis autem nomina meretricum solebant præfigi, et superscribi simul et stupri pretium. Lubinus.
  2. Juv., liv. {rom-maj|II}}, sat. 6.