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LA TROPOÏDE



La dépravation des mœurs, la corruption du cœur humain, les égarements de l’esprit de l’homme, sont des textes tellement rebattus par nos rigoristes, que l’on croirait que le siècle actuel est l’abomination de la désolation ; car la langue française ne fournit aucune expression énergique que nos sermoneurs ne nous prodiguent. Cependant, si l’on veut jeter un coup d’œil impartial sur les siècles passés, sur ceux-là même qu’on nous offre pour modèles, je doute que l’on trouve beaucoup à regretter. Nos manières et nos mœurs, par exemple, valent bien celles du peuple de Dieu ; et je ne sais ce que diraient nos déclamateurs, s’ils voyaient parmi nous une corruption aussi sale que celle qui se rapproche du beau siècle des Patriarches.

Je veux que les lois de Moïse aient été sages, justes, bienfaisantes ; mais ces lois assises sur le Tabernacle, et dont le but paraît avoir été de lier la société des Hébreux entre eux par la société de l’homme avec Dieu, prouvent invinciblement que ce peuple élu, chéri, préféré, était bien plus infirme que tout autre, comme nous le démontrerons dans la suite de cet article.