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EROTIKA BIBLION

trine[1], lui sacrifièrent cette honte, cette pudeur mille fois plus enracinée dans le cœur des femmes que la chasteté même.

Tant qu’il ne s’agissait que du devoir conjugal, les Cyniques avaient du moins quelques sophismes à alléguer. Mais quand Diogène, qui déraisonnait avec beaucoup de raison, transporta cette morale au fond de son tonneau, quels purent être ses sophismes ? L’orgueil de braver les préjugés et l’espèce de gloire que l’homme, esclave en tout et toujours ami de l’indépendance, y attache, furent apparemment ses vrais motifs. L’ombre du secret, de la honte, des ténèbres, lui aurait attiré des dénominations injurieuses, dés persécutions ; son impudence l’en garantit. Comment imaginer qu’un homme pense qu’il y ait du mal à faire et à dire ce qu’il fait et dit au grand jour ? Comment poursuivre un homme qui vous dit froidement : « C’est un besoin très-impérieux ; je suis heureux de trouver en moi-même ce qui porte les autres à faire mille dépenses et mille crimes. Si tout le monde m’eût ressemblé, Troie n’eût pas été prise, ni Priam égorgé sur l’autel de Jupiter. » Ces raisons et beaucoup d’autres paraissent avoir séduit quelques-uns de ses contemporains. Galien cherche plus à le justifier qu’à le condamner. Il est vrai que la mythologie avait en quelque sorte consacré l’onanisme. On racontait que Mercure, ayant eu pitié de son fils Pan, qui courait nuit et jour par les montagnes, éperdu d’amour pour une maîtresse[2] dont il ne pouvait jouir, lui enseigna cet insipide soulagement, que Pan apprit ensuite aux bergers.

Ce qui est plus singulier que l’indulgence de Galien,

  1. Hypparchia, etc.
  2. Écho.