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EROTIKA BIBLION

Les Pères voient la figure de Noé dans Phares, Noé, représentation de J.-C. qui a paru comme le petit bras et dont le corps ne devait naître que pour la nouvelle loi. Mais ce que les Pères voient de plus clair à tout cela, c’est que par l’aventure de la semence qu’Onan déposait de côté, J.-C. se trouve né de Ruth, étrangère, de Rahab, courtisane, de Bethsabée, adultère, et de Thamar, incestueuse du père à la fille[1]. Mais revenons.

On voit que l’onanisme est, sinon consacré, du moins étayé par de grands et antiques exemples.

Les causes morales qui le provoquent le plus communément, sont ou la crainte de donner la vie à des êtres qui, par des circonstances particulières, seraient malheureux, ou celle des contacts vénéneux ; car on croit, sans que cela soit bien prouvé, que le virus ne fait aucune impression sur les parties du corps qui sont revêtues de la peau tout entière, mais sur celles qui en sont dépourvues.

Ces circonstances et beaucoup d’autres poussant à ne céder à ce sentiment si vif qui porte l’homme à la propagation de lui-même, qu’en négligeant le but de la nature, les moyens de la tromper sont devenus passion chez quelques-uns, besoin chez beaucoup d’autres. Le sommeil provoque aux célibataires les songes les plus voluptueux ; l’imagination, aiguisée et flattée par ces illusions décevantes, qui conduisent à une réalité mutilée, mais aussi dépourvue des inconvénients qui rendent souvent si dangereux un bonheur plus complet, a embrassé avec ardeur cette manière de donner le change à ses désirs. Les deux sexes, rompant en

  1. Sacy, pag. 817, édit. in-8o.