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EROTIKA BIBLION

plaisir deviennent plus mobiles par les attouchements répétés, plus dociles aux écarts de l’imagination ; les érections deviennent continuelles, les pollutions fréquentes, et la déperdition de la vie excessive.

Il arrive trop souvent que la passion dégénère en fureur. Les objets qui lui sont analogues l’alimentent et se présentent sans cesse à l’esprit ; or, on ne peut croire à quel point cette attention à un seul objet énerve, affaiblit. D’ailleurs, cette situation des parties de la génération entraîne, même sans pollution, une très-grande dissipation des esprits animaux. Les érections trop rapprochées, lors même qu’elles ne sont pas suivies de l’évacuation de la semence, épuisent prodigieusement. Il y a en ce genre des exemples frappants et incontestables. Il faut encore observer que l’attitude des onanistes ne contribue pas peu à l’affaiblissement qui résulte de leurs opérations solitaires, et à l’irritabilité des organes. La nature ne peut jamais perdre ses droits, ni laisser outrager impunément ses lois. Des jouissances partagées, même excessives, seront plutôt supportées par elle, qu’un stratagème stérile par lequel on s’efforce de la contraindre. La satisfaction de l’esprit et du cœur aide une prompte réparation des pertes, que les délires de l’imagination occasionnent et ne peuvent jamais remplacer.

Mais la morale est toujours faible contre la passion. Quand ce goût bizarre a été connu, on s’est beaucoup plus occupé à perfectionner ce qui pouvait le satisfaire, qu’à réfléchir sur ce qui pourrait le réprimer ; et l’on a senti que les deux sexes s’aidant mutuellement, devaient rapprocher davantage la jouissance isolée des charmes d’une jouissance mutuelle.

Cet art singulier fut cultivé de tout temps, et l’est