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EROTIKA BIBLION

donner à ces transports bouillants qu’elle se permettrait, si elle était unie au sacrificateur.

On sent bien que ce procédé ne saurait avoir lieu vis-à-vis de ces jeunes gens fougueux que l’impétuosité entraîne et qui ne recherchent dans ces sortes de jouissances que la convulsion du plaisir ; il ne peut servir qu’avec ceux en qui, dans un âge mûr, le grand feu du tempérament se trouve amorti et l’imagination plus exercée : ils veulent jouir du plaisir avec toutes les sensations et les nuances qu’offre ce genre de volupté.

Il y a parmi les hommes, tout aussi bien que chez les femmes, une très-grande variété de tempéraments ; quelques-uns sont d’une lasciveté que l’on ne saurait exprimer. Ceux qui avec du tempérament savent se contenir et ont le gland recouvert, conservent une salacité digne des anciens satyres ; la raison en est simple : le gland, qui forme le siège de la volupté, s’entretient dans un état de sensibilité exquise, par le séjour continuel de la liqueur lymphatique qui le lubrifie, au lieu qu’il devient dur et calleux, avec l’âge, chez ceux qui l’ont découvert, qu’on a circoncis ou qui ont naturellement le prépuce plus court ; car chez eux cette liqueur préparatoire qui s’échappe existe en pure perte.

Or, une fille instruite dans l’art du Thalaba, ne se conduira pas avec un homme de cette classe comme avec un autre. Figurez-vous les deux acteurs nus dans une alcôve entourée de glaces et sur un lit à pente suivie ; la fille adepte évite d’abord avec le plus grand soin de toucher les parties de la génération : ses approches sont lentes, ses embrassements doux, les baisers plus tendres que lascifs, les coups de langue mesurés, le regard voluptueux, les enlacements de ses membres pleins de grâce et de mollesse ; elle excite des doigts un