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EROTIKA BIBLION

Cela est beau et vrai ; cependant les poëtes ne font pas autorité dans les choses qui doivent être décidées par la raison.

Le principe général et peut-être unique de morale, est que mal est ce qui nuit. L’adultère n’est pas si loin de la nature, et est un beaucoup plus grand mal que l’onanisme. Celui-ci ne saurait être dangereux qu’à la jeunesse, quand il altère sa santé, mais il peut souvent être très-utile à la morale ; la perte d’un peu de sperme n’est pas en soi un plus grand mal, n’en est pas même un si grand que celle d’un peu de fumier qui eût pu faire venir un chou. La plus grande partie en est destinée par la nature même à être perdue. Si tous les glands devenaient des chênes, le monde serait une forêt où il serait impossible de se remuer. Enfin, je dirais à Martial : « Vous n’approcheriez donc pas de votre femme quand elle est grosse ? car istud quod vaginâ, Pontice, perdis, homo est. Si vous la laissiez ainsi jeûner, vous seriez un grand sot et lui feriez beaucoup de peine, ce qui est un grand mal ; et de plus vous seriez tout ce que peut être un mari, avant qu’elle fût accouchée, ce qui en est un assez petit. »