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PAROLES

Sous les remous du voile que j’éploie,
prenez mon front, mystère taciturne,
prenez mes yeux et leur flamme nocturne,
et mes deux mains, fraîches coupes de joie…

Nous partirons vers des rives sereines,
vers des jardins aux fleurs miraculeuses ;
nous apprendrons toutes les nébuleuses
qui sont là-haut d’impériales traînes ;

nous connaîtrons le chant des brises molles
dans l’infini qu’une aube divinise,
les vagues soirs lunaires de Venise,
et le sommeil au rythme des gondoles ;

nous voguerons en de muets caïques
le long des ifs et des palmes mouvantes,
et nous suivrons de défuntes Infantes
jusqu’aux parvis d’or et de mosaïque ;

les nuits du Sud aux profondes haleines
nous porterons des Indes jusqu’en Chine
où nous ferons un souper, j’imagine,
avec de blancs magots de porcelaine ;