Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DIALOGUE

Se pourra-t-il qu’un jour ressemblant comme un frère
au jour qui nous étreint, dans ses tuniques sombres,
dans ses robes de paix, de brume et de mystère,
elle vienne, et sur moi pèse du poids des Ombres…

se pourra-t-il ! — Déjà, de l’ombre des phalènes,
elle, la Mort qui guette — ô sournoise, ô fatale !
— elle aux vagues échos, elle aux fades haleines
murmure… Et j’ai frémi d’entendre sa sandale.

Or elle dit : « J’attends mon heure et ma victoire.
« Un jour comme aujourd’hui qui frôle ta fenêtre,
« un jour comme aujourd’hui, ma longue forme noire
« sur toi se penchera pour te mieux reconnaître.

« Sur tes membres figés, sur ta rigide couche
« j’inclinerai mon front chargé des nuits futures,
« et ma bouche viendra se clore sur ta bouche
« avec le froid baiser qui s’impose et qui dure !…

« Tu me crains ? C’est la Vie et l’Amour qu’il faut craindre !
« C’est ce tumulte vain, ce désordre prodigue,
« et ces liens légers que tes doigts veulent joindre,
« et ce fuyant plaisir qui connaît la fatigue ;