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Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/20

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les golfes embaumés, les îles immortelles
ont pour vous, cygne noir, des récifs périlleux ;
demeurez sur les lacs où se mirent, fidèles,
ces nuages, ces fleurs, ces astres et ces yeux.

En cette heure où les voix se taisent une à une,
où le silence tisse un fabuleux réseau,
demeurez, chaste amant fidèle de la lune,
oui, demeurez captif des reflets et des eaux ;

votre sillage meurt en gouttes de lumière
parmi les nénuphars et les presles tremblants…
Que votre nostalgie ait une grâce fière,
et votre solitude un grand air nonchalant ! »

Et sur l’onde sans fond du rêve, du mirage,
de l’écho, du brouillard, de l’ombre, de la nuit,
ma pensée est un cygne harmonieux et sage
qui glisse lentement aux rivages d’ennui.