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RIRES SUR L’EAU

Un ourlet vague au bord des eaux,
une ombre au seuil ombreux d’un saule…
Et te voilà, sournoise et drôle,
faunesse, parmi les roseaux.

Ta silhouette grêle émerge…
Tu parais et tu disparais,
et ton rire aigu, jeune et frais,
viole le silence vierge.

Tu parais… Faunesse, où vas-tu,
sentant l’automne et les genièvres ?
Deux cornes comme en ont les chèvres
s’effilent sur ton front têtu ;

découvrant tes épaules maigres,
au soleil sèchent tes cheveux ;
tu mords, d’un coup de dent nerveux,
des châtaignes et des fruits aigres ;

du sang des raisins noirs et bleus
je vois les marques sur ta bouche…
Il me plaît que tu sois farouche,
faunesse ivre au corps anguleux.