Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/71

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et mangé, se tourna vers les vasques d’argent
d’où jaillissaient, sucrés, chantants et diligents,
des vins miraculeux… Il but. Sa barbe blanche
frémissait d’allégresse ; et quand il eut fini
de boire, Mahomet gaillard et rajeuni,
sur la verte pelouse ondulée, en cadence,
Mahomet esquissa lentement une danse.
Bras écartés, manteau gonflé par un bon vent,
il tournait, il tournait… Des musiques lointaines
guidaient ses pas joyeux, et les vins des fontaines
murmuraient à ses pieds mille propos savants.
Il tournait au milieu de visions parfaites ;
dans sa barbe il riait, doucement étourdi…
Et les oiseaux d’azur et d’or du Paradis
perchés sur ses doigts gourds ou sur sa vieille tête
célébraient de leurs chants la gaîté du Prophète !