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SOUPIRANT LUNAIRE

Blanc Paon qui déployez ainsi qu’un éventail
votre queue, et de large en long, beau noctambule,
grave, cabré, royal — pour Elle, vaine bulle,
lampe vénitienne ou reine de sérail,
marchez, dodelinant de l’aigrette ; Pontife
des luxes, qui lui dédiez en ut majeur
ce lent frémissement de plumes, votre griffe
trace — pour Elle, encor — un frêle hiéroglyphe
dans le sable neigeux où va Votre-Blancheur.
Muet, vous décrivez cette sensible gamme
des poses, qui lui plaît, j’imagine ; elle, Dame
très chauve, des hauteurs de l’astral infini
mire au bassin dormant le rond visage uni
dont s’inspire, blanc Paon, tout votre épithalame !
Et vous marchez de large en long, au bord de l’eau,
précautieux, comme engoncé dans votre roue,
beau soupirant lointain de Celle qui se joue,
peut-être, où ne voit point derrière le halo
des brumes ; celle-là qui rit ou fait la moue,
sans qu’on s’en doute, et qui, Belle au visage uni,
sur le bassin dormant, de l’astral infini,
pour vous, blanc Paon royal, éventail noctambule,
se mire — ronde et blonde lampe… vaine bulle…