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MATIN D’HIVER À LA FENÊTRE

Avec des mains circonspectes et lentes,
dispersez l’ombre confidente
en écartant les rideaux par degrés ;
le jour, le grand jour et sa robe nouvelle,
sur l’eau dormante encor de mes prunelles,
en tous lieux et sur toute chose,
de la même façon qu’il avait émigré
le jour doit revenir lentement, par degrés ;
il doit entrer furtivement, comme par fraude,
dans la chambre close, dans la chambre chaude.

Écartez par degrés les rideaux et les tulles.
Voici que l’hiver aux doigts blancs coagule
sur la vitre un herbier non pareil :
ce sont des fleurs de songe, froides et nulles,
des mousses pleines de soleil,
du givre agglutiné, mais qui se désagrège…
givre fugace, frère de la neige,
matutinale floraison,
blancheur qui fuit comme elle était venue
de la vitre claire, de la vitre nue.