Page:Mirbeau - « L’Intruse » à Nanterre, paru dans l’Écho de Paris, 26 mai 1891.djvu/10

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cochon ? il n’y a pas le moindre couplet ? Et tu voudrais que je dise du bien de cette ordure-là ?… Ah ça ! mon gaillard, est-ce que tu deviendrais symboliste, toi aussi ? J’aurais, moi, Francisque Sarcey, un gendre symboliste !… Quelle pièce pour Gandillot !

M. Brisson

Je ne vous dis pas d’en dire du bien, moi !…

M. Sarcey (furieux)

De qui ?… de Gandillot ? Tu ne veux pas que je dise du bien de Gandillot ?

M. Brisson

Et qui vous parle de Gandillot ? Je vous parle de Maeterlinck.

M. Sarcey

Allons bon !… Qui ça Maeterlinck ?…

M. Brisson

L’auteur de l’Intruse !

M. Sarcey

Tu perds la tête !… Ne viens-tu pas de me dire que fauteur de l’Intruse, c’est Henri Becque ?

M. Brisson (découragé)

Tenez ! Vous feriez mieux d’aller vous coucher !…

M. Sarcey

Tout cela n’est pas très clair… laisse-moi tranquille. (Il s’approche de la table, retrousse ses manches, empoigne son porte-plume.) Allons-y !… (Il écrit avec rage… les feuillets s’entassent les uns sur les autres, et l’on entend de loin en loin, tandis que grince la plume sur le papier, ces mots, en bout de phrases tronquées)… « Molière… Gandillot !… Nous nous tordions… un rude gaillard… un fameux lapin… Gandillot ! Molière !… Nous nous tordions… »


OCTAVE MIRBEAU.