Page:Mirbeau - À M. Lucien Millevoye, paru dans L’Aurore, 19 janvier 1899.djvu/5

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Quillard et moi, nous sommes, tout simplement, d’affreux poltrons — poltrons, je vous l’accorde, mais pourquoi affreux ? — et que notre vie se passe à fuir, constamment, devant quelqu’un et devant quelque chose.

En ce qui me concerne personnellement, mon Dieu ! vous avez tort, tout en ayant raison, car si j’avoue que « j’ai fui » devant le ridicule à jamais inexpiable de me battre avec vous, c’est que, pas une minute, je n’ai considéré en mon âme et conscience que vous fussiez quelqu’un et que « votre épée » fût vraiment quelque chose. Je vous ai, d’ailleurs, en son temps, expliqué pourquoi, dans une très courte lettre que vous vous êtes bien gardé de publier, car vous êtes un brave à trois