veilleuse qui brûlait dans un coin, à chaque étage, faisait mouvoir des ombres effarantes… et, sur les murs, des rampements d’insectes mous…
Pour voisins, j’avais à droite une espèce d’individu sale et rébarbatif qui — je le sus plus tard — vendait dans les rues des plans de Paris, et, je crois, aussi, des images défendues, qu’on appelle des cartes transparentes ; à gauche, j’avais une vieille dame asthmatique, qui réparait des tapisseries… Les locataires des autres étages me semblèrent, dans le même genre, de condition misérable ou de métier louche, appartenant presque tous à cette confrérie extraordinaire, mystérieuse et troublante du camelot !… J’avoue que je ne fus pas trop rassuré. Lorsque je sortais de la maison ou que j’y rentrais, j’avoue que j’avais au cœur un tremblement, un effroi… l’effroi de ces murs, de ces escaliers, de toute cette obscurité morne et visqueuse, où les rencontres humaines prenaient des aspects sinistres…
Ma mère, sans doute, n’avait rien vu de tout cela. Elle n’avait vu ni ces murs, ni ces escaliers, ni ces visages, car je ne puis croire qu’elle ait, délibérément et consciemment, choisi ce coupe-gorge pour y loger son fils…
Durant les trois premières nuits, bien que j’eusse la prudence, aussitôt rentré, de verrouiller ma porte, il me fut impossible de m’endormir.