obséquieux et bavard, qui, sans cesse, répétait :
— Monsieur le commissaire, voilà comment ça s’est passé…
Le commissaire de police était un petit homme gros et court et qui soufflait comme un bœuf. Malgré la gravité de l’affaire, malgré le cadavre et le sang il avait une physionomie joviale, un air de pochard gai et bon enfant, que le souci de sa responsabilité ne parvenait pas à rendre sévère. Il ne me fit pas peur. Au contraire, son agitation m’amusa extrêmement. Il entrait, tournait, virevoltait, sortait, revenait et ressortait avec un empressement si comique, qu’il ressemblait à un fantoche de pantomime. Et le camelot fantoche aussi, mais fantoche sinistre, ne le quittait pas d’une semelle, entrait, tournait, virevoltait, sortait, revenait et ressortait avec lui, toujours bavard et toujours gesticulant. Sur le palier, les gens de l’hôtel assistaient curieusement à ces allées et venues, ne perdant pas un seul des mouvements du commissaire et du camelot. Et moi, flanqué de deux agents indifférents et silencieux, je faisais comme les gens de l’hôtel, sans songer un instant que je fusse un des principaux acteurs de ce drame. Et je me souvenais que, jadis, étant enfant, j’avais vu, dans des baraques de la foire, des scènes pareilles, dont le burlesque n’était peut-être pas si intense, et ne diminuait pas, aussi complètement, la majesté terrible du crime.