Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/38

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Mme  Beauduit, même jeu. — Canaille !… Canaille !…

L’illustre Écrivain. — Ah ! en voilà assez !… Pas de drame ici… n’est-ce pas !… J’ai horreur des drames !

Mme  Beauduit, elle se laisse tomber dans un fauteuil. — Canaille !… Canaille !

L’illustre Écrivain, il se met à marcher dans la pièce avec agitation. — Eh bien !… soit !… Je suis une canaille !… c’est entendu… je suis une canaille !… Raison de plus pour vous en aller d’ici… pour vous en aller de ma vie !… Il y a longtemps que vous auriez dû comprendre que nos relations ne peuvent plus durer !… (Mme Beauduit fait des gestes violents, atteste le ciel…) Non, elles ne peuvent plus durer !… Mon existence s’est agrandie… s’est développée… elle est prise par trop de choses délicates et difficiles… Vous n’y avez plus de place !

Mme  Beauduit. — Est-ce possible d’entendre cela ?

L’illustre Écrivain. — Si vous m’aimiez… si vous m’étiez une femme dévouée… comment n’avez-vous pas compris cette situation nouvelle ?… Comment n’avez-vous pas senti que vous deviez vous effacer, disparaître… vous auriez évité cette scène pénible… pour moi !…

Mme  Beauduit, levant les bras au ciel. — Mon Dieu !… Mon Dieu !

L’illustre Écrivain. — Car vous me gênez…