Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/46

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qui remplace la beauté… une science de la volupté… ce qui vaut mieux, dans certaines circonstances, que la jeunesse… Le grand Balzac, le prédécesseur de Monsieur, disait qu’on ne devait pas mépriser l’amour des femmes laides et vieilles… que c’était souvent quelque chose d’épatant… parce qu’elles… aiment avec reconnaissance !

L’illustre Écrivain. — Ah ! tu m’ennuies… Tais-toi ! Ton pessimisme m’agace !

Le Valet de chambre. — C’est cela !… Que Monsieur rêve à des princesses… à des duchesses… à des fées… Monsieur aura toujours le temps de connaître la réalité !…

Silence… Joseph range quelques meubles… L’Illustre Écrivain se promène dans sa chambre, agité, nerveux.

L’illustre Écrivain. — Alors, tu penses qu’il vaut mieux que je la reçoive carrément dan ma chambre à coucher !… Ne trouves-tu pas que c’est un peu vif ?…

Le Valet de chambre. — Puisque c’est par là que ça doit finir… autant commencer par là tout de suite !

L’illustre Écrivain. — Oui, mais… si c’est un femme timide… poétique… sentimentale ? Elle pourrait s’effaroucher…

Le Valet de chambre. — Pauvre petit oiseau !… Monsieur l’apprivoisera !… Monsieur sait si bien