Page:Mirbeau - Chez l’illustre écrivain, paru dans Le Journal, 28 novembre 1897.djvu/14

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conseil de guerre contre cette impression mystérieuse et révélatrice qui me pousse à crier : « Il est innocent ! Il est innocent ! » et contre l’absolue, l’impeccable sécurité que me donne cette chose sacrée : « La conscience d’un honnête homme ! »

Cette fois, ce ne furent plus des rires qui couvrirent ces paroles, mais des huées et des hurlements. L’Illustre Écrivain écumait. Il imposa le silence :

— Et quand même Dreyfus serait innocent ? vociféra-t-il… il faudrait qu’il fût coupable quand même… il faudrait qu’il expiât, toujours… même le crime d’un autre… C’est une question de vie