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Page:Mirbeau - Dans le ciel, paru dans L’Écho de Paris, 1892-1893.djvu/15

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— Je vois que je te fais horreur… et que tu vas partir… J’aurais voulu te dire des choses, des choses… mais je ne suis pas remis de mon ivresse… et d’ailleurs je ne puis plus parler, m’expliquer… tu comprends…

— Mais pourquoi t’ennuies-tu ainsi ?…

— Parce qu’il le faut… Tu comprends… Sans cela, je ne vivrais pas, tu comprends ?… Tiens…

Il tira de sa poche un rouleau de feuilles crasseuses, et me le remit :

— Ce que j’aurais voulu te dire, tu le liras dans ces feuilles… Tu comprends ?… Et quand tu les auras lues, tu les brûleras… Ça n’est pas grand’chose… Mais ça t’expliquera… Tu comprends ?…

Il bégaya encore quelques paroles que je ne compris pas… Et se levant :

— Adieu ! dit-il… Je te demande pardon… J’avais cru… que ça me ferait de la joie… que je pourrais… Tu comprends… Adieu !…

Quelques minutes après, j’avais quitté le pic, troublé, incertain, sans pouvoir définir les sentiments qui m’agitaient. Je rentrai le soir même à Paris, et je lus les pages suivantes.