Page:Mirbeau - En province, paru dans L’Aurore, 22 juillet 1899.djvu/7

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— Innocent, je vous dis !… Comprenez donc le sens terrible et auguste de ce mot… Et, à vous le répéter, ce mot, n’avez-vous pas un frisson qui vous secoue de la nuque aux talons ?…

— Eh bien, tenez !… J’ai à louer une belle villa, sur la côte, à deux pas d’ici. Si, après le conseil de guerre, Dreyfus voulait la louer… Eh ! bien, je ne dis pas non. Vous pouvez le prévenir, votre Dreyfus, car je ne suis pas un sans-cœur, moi… Il n’y a pas dans le pays une villa qui soit aussi bien meublée et qui ait une pareille vue. D’habitude, cette villa, je la loue cinq mille… L’année dernière, encore, il y avait, là, un général… pour Dreyfus ce sera quinze mille…