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Page:Mirbeau - L’Épidémie, paru dans l’Écho de Paris, 12 juillet 1892.djvu/3

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Le maire

Il ne s’agit pas de politique…

Le membre de la majorité

Il ne s’agit pas de politique…

Le membre de l’opposition

De quoi s’agit-il, alors ?

Le membre de la majorité

Je ne sais pas de quoi il s’agit… Mais…

Le membre de l’opposition

Si vous ne savez pas de quoi il s’agit, taisez-vous !

Le membre de la majorité (très digne)

Je me tairai, si je veux… Vous n’avez pas de leçons à me donner…

Le maire (conciliant)

Messieurs !… Messieurs !… Je vous en prie… Je fais appel à votre patriotisme, aux sentiments d’union, de concorde… (D’une voix forte)… Non, Messieurs, il ne s’agit pas de politique… Il s’agit de la ville, des intérêts de la ville, de la ville que vous aimez, que vous représentez, que vous administrez… Messieurs !… (Grave et d’une voix sourde)… une épidémie de fièvre typhoïde, vient de fondre sur la ville. (Les conseillers pâlissent, silence).

Le membre de la majorité (atterré)

Une épidémie sur la ville !

Le membre de l’opposition (effaré)

Sur la ville !

Le maire

Quand je dis sur la ville, c’est une façon de parler… Dieu merci l’épidémie n’est pas sur la ville… elle est…