Page:Mirbeau - L’Épidémie, paru dans l’Écho de Paris, 12 juillet 1892.djvu/5

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sions ?… Les soldats sont faits pour mourir !

Le membre de la majorité

C’est leur métier de mourir.

Le membre de l’opposition

C’est leur devoir de mourir.

Le maire

Je suis de votre avis… Et je ne vous eusse point entretenu de ces choses futiles, croyez-le bien, Messieurs, si je n’y avais été, en quelque sorte, forcé… Messieurs, le préfet maritime est fort en colère… Je l’ai vu, hier soir… Il m’a dit que cela ne pouvait durer… Il prétend que les casernes sont d’immondes foyers d’infection, que l’eau bue par les soldats est plus empoisonnée que le purin des étables… Bref, Messieurs, il exige que nous reconstruisions les casernes, que nous amenions de l’eau de source dans les casernes, que…

Le membre de l’opposition

C’est de la folie !

Le membre de la majorité

Du gaspillage !

Le membre de l’opposition

Nous n’avons pas d’argent pour ces fontaines !… La commune est obérée… Il nous faut reconstruire le théâtre, décorer l’hôtel de ville… S’ils n’ont pas d’eau, les soldats, qu’ils boivent de la bière… (Applaudissements.)