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Page:Mirbeau - L’Épidémie, paru dans l’Écho de Paris, 12 juillet 1892.djvu/9

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conseillers se regardent, étrangement effarés. D’horribles visions de faces mortes, de ventres putréfiés, passent et repassent devant eux. Ils entendent comme des coups de marteau tombant sur des cercueils, comme des descentes de lourds cercueils glissant dans des trous noirs.)

Le membre de l’opposition (Il se secoue, se tâte)

Messieurs, il ne faut pas se laisser abattre… Il faut lutter !… Sursum corda… Aux circonstances douloureuses opposons les résolutions viriles.

Le membre de la majorité

Parlez !… nous vous écoutons.

Le membre de l’opposition

Êtes-vous prêts à tous les sacrifices ?

Tous (sortant peu à peu de leur torpeur)

Oui, à tous ! à tous !

Le membre de l’opposition

Il nous faut beaucoup d’argent…

Tous

Nous imposerons le peuple… Nous trouverons des impôts inouïs.

Le membre de l’opposition

Il faudra démolir les vieux quartiers de la ville, ces foyers d’infection, et les reconstruire.

Tous

Nous démolirons… Nous reconstruirons.