Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/280

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s’étaient tus. Et je pensai tristement qu’une jeune fille allait mourir.

Mon oncle rentra mécontent, soufflant plus fort. Il dut s’asseoir, quelques minutes, pour reprendre haleine. Et il grogna :

— À cette heure-ci !… C’est de la folie !… Et puis, je suis malade !…

Sa poitrine sifflait, haletait avec des grondements de locomotive ; ses flancs battaient, ses côtes, parfois, dessinaient, sous la soutane, leurs cercles évidés…

— L’extrême-onction !… murmura-t-il, est-ce que je sais comment cela se pratique ?… Petit !…

— Mon oncle !

— Tu vas venir avec moi… Tu feras l’enfant de chœur… Frélotte !… Tu connais ça, toi, le village de Frélotte !

— Oui, mon oncle.

— C’est à une lieue de Viantais ?

— Oui, mon oncle.

— Une lieue !… Mais je ne pourrai jamais arriver jusque-là !… Et mon rituel !… Où est mon rituel ?…

Il fallut chercher le rituel qu’on finit par trouver, au fond d’un tiroir, parmi des bouts de bougie et de vieux clous rouillés. Tandis qu’il parcourait vivement les pages qui traitent de l’extrême-onction, il bougonna :

— Et le curé !… Il est sans doute à s’empiffrer à quelque dîner de conférence !… Heu !… heu !… ad manus… ad pedes… ce symbolisme est ridicule. Et