Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/133

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M. Jules Pasquain, ancien mercier, et Mme Sidonie Pasquain, son épouse, se trouvant trop à l’étroit dans leur petite maison de la place de l’Église, achetèrent une propriété plus vaste et qu’ils convoitaient depuis longtemps. Les deux demoiselles Pasquain, personnes sèches quoique mûres déjà, furent enchantées. Il y avait de quoi. Songez donc ! Une grille de fer ouvré, de très vieux arbres, une charmille, un verger, et, parmi des rocailles écroulées, les restes d’un ancien jet d’eau : ce n’était point chose si banale et qu’on vît tous les jours. L’habitation surtout était remarquable ; toute blanche et basse, avec de larges fenêtres cintrées, avec son haut toit d’ardoises, elle offrait, de la route, aux regards des passants, un aspect confortable, imposant, et presque « seigneurial », au dire de Mlle Gertrude, l’aînée des demoiselles Pasquain, laquelle avait des goûts « aristocra-