La première émotion
C’était un vieux homme, un peu voûté, très doux, très silencieux, très propre, et qui, jamais, n’avait pensé à rien.
Sa vie était réglée mieux qu’une horloge, car il arrive que les horloges, quelquefois, s’arrêtent et se détraquent. Lui, jamais ne s’arrêtait, ni ne se détraquait. Jamais il n’avait connu la hâte d’une avance, l’émoi d’un retard, la fantaisie d’une sonnerie folle, dans son âme.
Il s’appelait M. Isidore Buche, était employé au ministère de l’Instruction publique. Chose curieuse et unique, il conservait, vieillard, la même place, les mêmes appointements, le même bureau, le même travail, que, jeune homme, lorsqu’il était entré dans la carrière administrative. Un avancement l’eût dérangé dans ses habitudes ; il était incapable d’en supporter l’idée, si l’idée lui en était venue. Mais il ne lui venait jamais aucune idée. L’intrusion,