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Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/98

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Trois jours après, le brave homme, qui ne quittait plus la pharmacie, se plaignait à M. Latête.

— Ça ne va pas ! gémissait-il… Je ne sais pas ce que j’ai… Ma tête tourne, j’éprouve comme des éblouissements… Mon estomac est bizarre, et mes intestins s’affolent… Ça ne va pas !

— C’est le printemps ! prononça catégoriquement l’honorable pharmacien… À moi aussi, le printemps produit de ces effets… À tout le monde… il ne faut pas vous inquiéter… Une petite purgation, et tout est dit… Je me suis purgé hier… Il faut vous purger demain !…

Le brave homme s’effraya :

— Une purgation !… Qu’est-ce que vous me dites !… Mais cela m’est formellement interdit…

M. Latête ricana.

— Parbleu ! les médecins n’aiment pas les vrais remèdes… Ils font traîner les choses… Ça se comprend ! Enfin, c’est votre affaire !… Comme vous voudrez !

— Franchement ! insista le brave homme, vous croyez ?…

— Une fiole d’eau-de-vie allemande… un