biles à leur mouillage des chaloupes de pêche traversent la rade et bientôt vont se perdant, délicieusement roses, dans tout ce rose épandu qui monte de la mer et qui tombe du ciel.
Pendant que nous déjeunons, la directrice du casino, souriante, vient nous saluer. Elle est grosse et fort avenante, et elle porte sur la tête, très en arrière, une coiffe en forme de court hennin. Les deux mains appuyées à la table, elle se penche et se balance, souriant sans cesse.
— Vous venez peut-être pour habiter l’île ? nous demande-t-elle.
— Précisément.
— C’est très bien… J’ai une villa, une belle villa… la villa des Glaïeuls… Il y a un piano… C’est la seule où il y a un piano…
— Alors, c’est à vous, cette villa ?
— Ah ! dame, non !
— Vous êtes chargée de la louer ?
— Ah ! dame, oui !… Il y a un piano… C’est très lustrueux… Et puis, tous les matins je vous porterai des chevrettes ou des homards, ou des gâteaux, ou du tabac, ou n’importe quoi…
— Nous verrons tantôt.
— C’est ça… Je suis là, ou bien au pays, ou bien n’importe où… Vous n’aurez qu’à m’appeler… Mangez, mangez… Régalez-vous… Moi, ça me fait plaisir qu’on mange beaucoup…