Page:Mirbeau - La Vache tachetée.djvu/37

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Voulez-vous en tenter l’aventure dans le Mouvement ?… Une chronique par semaine, cinquante francs par chronique, nous verrons ensuite… Réfléchissez !… Vous savez que le Mouvement mène l’opinion publique… Je mène l’opinion publique, monsieur Rigard… C’est tentant… Seulement, je vous le répète, gardez-vous de la littérature comme de la peste… La littérature, c’est l’excuse des gens qui n’ont point de talent. Quand on n’a pas une chronique dans le ventre, on fait du roman… C’est ce qui vous explique qu’il y a tant de romanciers et si peu de chroniqueurs !… Le roman, le roman ! qu’est-ce, je vous prie ?… Ou bien alors soyez Ohnet ou Balzac !… Faites des romans-chroniques, comme Balzac… Balzac était un chroniqueur, monsieur Rigard… Aussi a-t-il inventé un monde, le monde de Balzac !… Justement, j’ai un admirable sujet pour votre article de début… Vous permettez que je dise deux mots au téléphone ?… Titre : Paris s’ennuie. Vous voyez cela : l’été, le Bois désert, les théâtres fer… Allo ! allo ! vous permettez ?… allo ! allo !… les théâtres fermés, les plages, les… allo ! allo !…

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Quand Jules Rigard, ivre d’espoir, traversa de nouveau l’antichambre, il ne vit point les deux prêtres assis qui continuaient de chu-